Public, mon amour, un petit mot avant de te retrouver dans les rues de France et de Navarre et du Danemark.
ça fait 20 ans qu’on se pratique.
Mais depuis quelque temps, je dois te le dire, tu as changé. T
u veux m’enregistrer, me filmer, me capturer avec l’obsession d’un collectionneur de timbres.
S’il te plaît regarde-moi avec tes yeux ( c’est le truc un peu dégueu au-dessus du nez).
Crois-moi, une vidéo floue, mal cadrée, qui au mieux te donnera le mal de mer, au pire remplira ton mcbidule jusqu’à la gueule, ne rivalisera jamais avec un souvenir inscrit bien au fond de ton cerveau ( c’est le truc spongieux entre les oreilles).
Tu pourras t’y plonger à ton aise de retour au bureau et retrouver ( sans avoir à réinitialiser ton mot de passe) l’odeur du goudron chaud, la douceur poisseuse de la main de ton fils sur ton bras -barbapapa-compote-, votre complicité dans le soleil d’une fin d’après-midi d’été et ton rire qui avait effacé pour quelques secondes, le sérieux…
Et moi, je ne serai pas tout seul.
( dessin #larbustedromois)